mardi 3 juin 2008

Ciao Flo'

Salut Flo',

Il y a des moments où on a envie de ne pas rater ses mots, parce qu'il n'y aura que ceux-là pour dire ce qu'on ressent, pas de seconde chance, comme la vie en fait ...

Avant-hier on se serait parlé, tu m'aurais raconté un bout de ce que tu vis et fais là-bas dans le sud et je t'aurais dis ce qu'il se passe dans mon nord. Mais hier ton visage est soudain devenu, d'une seconde à l'autre, une réalité passée, une photo figée dans un album qui ne s'animera jamais plus. Tout de suite j'ai cherché dans ma tête le bouton replay mais à sa place j'ai trouvé un vide cruel, un défaut douloureux de l'existence humaine. On ne refera pas la scène de la voiture et du virage, elle est marquée au rouge indélébile dans nos imaginations à jamais. Il n'y a que dans la tête qu'on rembobine et qu'on se rejoue l'instant fatal , comme si ce ressassement pouvait receler une explication rationnelle à une si terrible et violente injustice.

La dernière fois qu'on s'est vu c'était à Montparnasse, on parlait d'avenir, du moment où tu monterais sur Paris, à la fin de ta formation de policier, on se disait qu'on aurait l'occasion de faire pas mal de choses ensembles. Il reste les parenthèses mais on les remplira pas ...

J'ai toujours quelques dessins et ton personnage de jeux de rôles sur l'ordi, il était bien au chaud, au coeur de la conviction qu'un jour on remettrait le couvert dans l'un ou l'autre monde imaginaire. Pourquoi je pense à ça là ? Parce que ça fait partie des trop rares choses qu'on a pu partager depuis que j'ai choisi une autre voie, loin de Nancy et de vous. Je me dis qu'à défaut de pouvoir te ramener à la vie, j'aurais un personnage à animer dans mes parties, auquel je pourrais donner une partie de toi. Ma modeste contribution, à mon niveau, à ton souvenir ...

En tous cas t'es un chic type, c'est des gars comme toi qu'il manque dans la police, c'était ta voie, tu t'es pas trompé. Ça se voit dans le regard de ceux qui t'aiment et qui t'ont accompagné jusqu'au bout : en toi il y a des valeurs, des repères pour les cœurs des autres. Et ça ça ne disparaît jamais, c'est éternel, ça reste greffé à l'âme de chacun.

Je tenais à te le dire parce qu'en entrant dans la famille Turinaz, tu es entré du même coup dans celle des Domenjoud; une façon de te dire que dans mon esprit j'ai un autre cousin et qu'il le restera à jamais.

Au revoir Flo, on se reverra dans mes pensées, dans nos souvenirs et dans ce qu'on en transmettra aux autres ...

Joël
PS : j'aurais adoré chanter Bella Ciao avec toi et mon frère dans une manif, je te promets qu'on le fera et tu en seras dans nos coeurs !

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