vendredi 30 mai 2008

Où ton inexistence était si forte. elle était devenue forme d'être.


Les mots restent enfuis. Depuis plusieurs jours, ils se bousculent mais refusent de se livrer. Ils sont inaptes à dire ce qui n'a de nom dans aucune langue. La mort est l'épreuve limite du langage. Sur ce dont on ne peut parler, - peut-être - faut-il garder le silence.
Je m'exerce mentalement à circonscrire ton absence-présence. Un exercice auquel je ne m'attendais pas. Un exercice auquel tu ne m'avais pas habituée. Je ne parviens à résoudre l'aporie à laquelle tu me confrontes. Ton absence n'en est pas une. L'inexistence n'est pas le contraire de l'existence. Elle devient forme d'être. Un être paradoxal.
"Quand ta mort sera finie. je serai mort" (Jacques Roubaud). Ce n'est qu'aujourd'hui que je parviens à la pleine compréhension de ces mots. Elle ne pourra s'achever avant que je disparaisse, moi aussi, puisque je te porte en moi. "la vie qui te reste, s'il te reste, est imprimée en moi, suaire, entremêlée en moi, refusant de se défaire."
Je contemple cette photographie que je t'avais offert quand on s'était retrouvés, au collège. Tu aimais me la montrer quand je venais chez toi. Avec un sourire en coin. Elle ne dit que ce qui a été. Rien de plus. Elle ne dit pas ce qui n'est plus.
Ton image et ton nom, tout chargé de rires, me hantent. Mais je ne cherche pas à les repousser. Je les enveloppe dans ma tendresse.

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