jeudi 22 mai 2008

Je l'ai aimé comme un fils

"Florian a apporté 20 ans de bonheur à Isabelle, Hervé et Lucas.
Moi, je n'ai pas eu la chance de connaître Florian tout petit. Je ne peux qu'imaginer l'adorable diablotin qu'il a dû être. Lorsque je l'ai connu, il n'était que le petit frère de Lucas, le bon copain de Yannick. Lorsque nous avons commencé à vivre ensemble avec Isabelle, je l'ai d'abord aimé comme le fils de la femme que j'aimais. Puis j'ai appris à l'apprécier pour lui même. Pour sa bonne humeur, sa gentillesse, son incroyable vitalité, sa joie de vivre. Au fil des années, nous sommes devenus de plus en plus proches. Bien sur, je n'étais pas son père. Il avait déjà un père qu'il adorait. Mais je l'ai aimé comme un fils. Et je crois avoir été aimé en retour. J'aurais été fier d'être son père.
Ce bonheur qui jamais ne devait cesser s'est terminé brutalement ce dimanche au petit matin. Le téléphone sonne et la sentence tombe. Sans appel. Un coup de poignard en plein coeur. Une plaie qui jamais ne se refermera.
Florian avais 20 ans. Il était beau. C'était un adulte en devenir. Presque encore un enfant. Un diamant à peine dégrossi, mais qui brillait déjà si fort.
Ce vide immense que laisse sa disparition, ce vide que rien ne semble jamais pouvoir combler, ce vide nous allons pourtant devoir le remplir. Car nous allons devoir continuer à vivre pour ceux qui restent : Lucas, Yannick, Sylvain. Alors nous allons le remplir de bon souvenirs. Des milliers de pépites que sont tous ces bons moments passés avec lui, grâce à lui.
Car Florian était plus que beau. Il était beau à l'intérieur. Il était la gentillesse, la bonne humeur perpétuelle, la joie de vivre. Florian c'était mille et une facéties au quotidien. C'était les surnoms qu'il donnait à chacun. Il était le pingouin masqué. Il donnait beaucoup dans le registre animalier : ours, rat, cochon, singe. Pas toujours de très bon goût c'est vrai. N'est ce pas Babe ? Mais venant de lui, c'était toujours drôle et gentil.
Florian c'était les fausses bagarres avec Lucas, Yannick, Sylvain, les batailles de chaussettes, ses éclats de rire mémorables, l'amour sans borne qu'il portait à sa famille, sa façon de se moquer souvent. Comme il savait être agaçant parfois. Mais il n'y avait pas en lui la plus petite once de méchanceté. Il était plein d'attentions délicates. Il avait l'art du petit cadeau qui fait plaisir.
Florian c'était cette facilité avec laquelle il se faisait de nouveaux amis. Vous êtes nombreux ici aujourd'hui pour en témoigner. Toutes ces soirées endiablées dont nous ne voulons surtout pas connaître les détails mais dont les échos nous parvenaient. Florian était drôle et gentil mais il savait également être sérieux. On pouvait compter sur lui. Il répondait présent quand on avait besoin de lui. Il était déterminé également. Quand il a fait le choix d'entrer dans la police, rien n'aurait pu l'en détourner. Lorsque sa décision aété prise, il a poursuivi ce but avec une détermination sans faille et il a réussi. Il a été l'élève le plus jeune de sa promotion mais il s'est vite intégré. Et il a été heureux dans son école. Quand il rentrait, il nous en faisait un récit passionné. On le voyait épanoui. Et je crois que là aussi il a su se faire apprécier. Ses nouveaux amis ont fait une longue route depuis Marseille pour le montrer aujourd'hui.
Pour moi, Florian c'était bien sur cette joie de vivre perpétuelle, ses blagues et ses taquineries. Mais c'était aussi les longues discussions que nous avions sur des sujets qui lui tenaient à coeur. Souvent il me demandait mon avis sur tel ou tel point. C'était les petits jeux qu'il inventait et répétait inlassablement. Quand il rentrait tard dans la nuit et que je travaillais encore, il ouvrait la porte avec fracas et faisait irruption comme un beau diable dans la pièce en faisant mine de me surprendre. Je l'avais entendu depuis bien longtemps monter l'escalier à pas de loup. Il le savait mais réessayait à chaque fois. Ensuite il me racontait sa soirée avant d'aller dormir. J'attendais ce moment. C'était aussi les conseils qu'il me demandait quand il se lançait dans un bricolage. Il m'expliquait ce qu'il voulait faire, nous discutions des possibilités, puis nous allions acheter les matériaux et les outils dont il avait besoin. Il aimait aussi me tester. Il avait inventé les DDF : les devinettes de film. Pendant le repas, d'un coup il annonçait. « Allez : une petite devinette de film ! » Il me donnait alors 3 à 4 mots tirés d'une réplique de film et j'étais censé trouver le film. Facile ! Il suffisait de connaître par coeur les dialogues de tous les films sortis au cours de l'année. Puis il est passé aux DDP : les devinettes de pub. Même principe. Inutile de vous dire que j'étais très mauvais.
Des bons souvenirs de Florian, je pourrais en égrener pendant des heures. Mais je vais laisser d'autre poursuivre. Pour moi Florian c'était ça. Un fêtard digne de son père, une gentillesse et une joie de vivre sans limite, mais aussi une profondeur et une gravité que ses farces continuelles ne laissaient pastoujours deviner au premier abord.
Nous avons tous perdu un fils, un frère, un ami cher. Mais ce Florian que nous avons tant aimé aura toujours 20 ans et il vivra dans nos mémoires à jamais. Je le pleurerai toujours mais il continuera à m'arracher un sourire à chaque fois que je repenserai à ses facéties."
Eric
Cérémonie d'adieu le 21 mai 2008

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